J'ai assuré la réanimation cardio-pulmonaire

Ma réanimation leur a-t-elle été utile ou nuisible ?

Pratiquer la réanimation cardio-pulmonaire peut être très stressant. Après l'arrêt cardiaque, de nombreuses personnes se demandent si elles ont aidé ou blessé la personne sur laquelle elles ont pratiqué la RCP. Lorsque vous effectuez des compressions thoraciques, vous contribuez à pomper le sang vers le cerveau et donnez à la personne en arrêt cardiaque les meilleures chances de survie. Tout dommage potentiel associé aux compressions thoraciques est largement compensé par les chances de survie. Sans compressions thoraciques, la mort est presque certaine. Bien que les compressions thoraciques puissent entraîner des lésions (généralement très légères), telles que des côtes cassées, celles-ci sont facilement gérables et souvent acceptables pour le survivant. Et si nous ne pratiquons pas de compressions thoraciques, nous ne donnons pas à notre proche les meilleures chances de survie. 

Les compressions thoraciques sont si importantes que les personnes chargées des appels d'urgence, les opérateurs 911 (États-Unis)/999 (Canada), apprennent souvent aux gens à les pratiquer en attendant l'arrivée de l'ambulance et du personnel paramédical.

Témoignage d'un co-survivant : "Le préposé aux appels d'urgence et moi sommes devenus des partenaires instantanés. Il était mon coach. Il m'a dit quoi faire, m'a fait savoir que le SAMU était en route et est resté avec moi jusqu'à l'arrivée des secours. Je n'avais pas l'impression d'être seule."

Certains d'entre nous ont pratiqué des compressions thoraciques sur leurs proches en arrêt cardiaque. Pour certains, cela a permis de survivre, et pour d'autres, nos proches sont morts malgré tous nos efforts. Aucun d'entre nous ne regrette ses efforts, et nous pensons que vous ne devriez pas le faire non plus. 

Cependant, la pratique de la réanimation cardio-pulmonaire provoque chez certaines personnes un stress et une anxiété extrêmes. Lorsque des personnes ordinaires réagissent à un arrêt cardiaque en devenant des sauveteurs non professionnels et en pratiquant la RCP, elles ressentent souvent un tourbillon d'espoir, d'euphorie, de fierté, de soulagement, de satisfaction, de désespoir, de doute, d'agitation, de colère, de tristesse et de peur après la tentative. Lorsque la tentative échoue et que la victime meurt, le stress aigu peut être pire que si elle avait survécu. Si vous ressentez un stress aigu, des pensées intrusives, un manque de concentration ou des troubles du sommeil, il peut être utile de vous adresser à vos amis et à votre famille, à un thérapeute ou à des groupes de soutien en ligne tels que bystandernetwork.org.

Témoignage d'une co-survivante : "J'ai pratiqué la réanimation sur grand-père. J'ai devancé l'ambulance car c'est grand-mère qui m'a appelé en premier. J'avais vraiment peur de lui faire du mal et de ne pas faire ce qu'il fallait. Maintenant, je sais que j'ai donné à mon grand-père les meilleures chances de survie. Cela m'a quand même un peu perturbée. J'ai eu besoin d'une thérapie pour en parler. C'est quelque chose de très lourd.

Sources d'information

Skora J, Riegel B. Thoughts, feelings, and motivations of bystanders who attempt to resuscitate a stranger : a pilot study.Am J Crit Care. 2001 ; 10:408-416.

Compton S, Grace H, Madgy A, Swor RA. Post-traumatic stress disorder symptomology associated with witnessing unsuccessful out-of-hospital cardiopulmonary resuscitation (symptomatologie de stress post-traumatique associée au fait d'être témoin d'une réanimation cardio-pulmonaire infructueuse). Acad Emerg Med. 2009 ; 16:226-229. doi : 10.1111/j.1553-2712.2008.00336.x

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Matthew Douma